Kipchoge Spencer, chef
du groupe et initiateur du projet (Source
des images)
Mots-clés :
vélo, musique, rock, énergie
Les groupes rock ne voyagent pas léger. Ils
se déplacent avec des centaines de kilos d’instruments,
de câbles, de matériel de son et d’éclairage
entreposées dans leurs roulottes ou leurs camions. Sauf les
musiciens de Ginger Ninjas. Quelques vélos leur
suffisent pour transporter tout leur équipement. Ce groupe
rock est devenu le premier à effectuer une tournée
sans véhicule motorisé. Une folle randonnée
cycliste de 8 000 km en 207 jours, entre le nord
de la Californie et le sud du Mexique. Pleins feux sur huit aventuriers
à l’unique devise : le vélo au service
de la musique.
Mexique,
7h30. Le soleil du printemps éclaire la ville d’Hautla.
Les musiciens et l’équipe technique des Ginger
Ninjas, groupe alternatif californien fondé en 1999,
rassemblent leur équipement. Il est temps de transformer
les vélos en ânes roulants. Mais comment prévenir
les explosions de pneus avec 90 kg de bagages? « Nous
devons une fière chandelle à Xtracycle, un dispositif
miraculeux qui allonge le cadre de nos vélos et transforme
nos roues arrière en puissante remorque »,
explique Kipchoge Spencer, chef du groupe et initiateur du projet.
Chacun a son matériel attitré. Kipchoge
s’acquitte de l’éclairage et des enceintes acoustiques.
Les cyclistes moins habiles se contentent de petites charges de
vêtements et d’articles de camping afin que tout le
monde roule à la même vitesse.
Tout est bien attaché. C’est le départ!
Travail à
la chaîne
Quelques heures plus tard, Spencer et son équipe
s’arrêtent à la place centrale de Palenque. C’est
à cet endroit précis qu’ils donneront leur concert.
L’emplacement des prises électriques n’inquiète
personne. Les techniciens s’affairent plutôt à
élever les vélos sur des béquilles pour les
relier à des génératrices. Car ce sont les
spectateurs qui pédaleront pour alimenter le système
de son. Un véritable travail à la chaîne!
Le concert se met en branle. Un savant mélange
de folk, de rock, de reggae et de funk émane des haut-parleurs.
Kipchoge interpelle les passants pendant que les techniciens pédalent.
La mini-centrale énergétique attire les regards. Pour
le chanteur des Ginger Ninjas, cette installation relève
beaucoup plus que du tape-à-l’œil. « Notre
indépendance énergétique nous ouvre beaucoup
de portes, observe Kipchoge. On peut se produire dans un
parc, sur la plage ou dans la forêt, sans aucune autorisation. »
Les techniciens cèdent
rapidement les guidons aux spectateurs qui font la file dans l’espoir
d’alimenter le groupe en électricité. Une foule
de plus en plus imposante se masse autour de la scène. Entre
les Ginger Ninjas et leurs nouveaux fans, le courant passe.
« L’organisation de nos concerts a dû
être repensée. Toute promotion par affiches ou tracts
s’avère inutile. Même la planification n’est
plus nécessaire », ajoute Spencer. « Nous
allons où nous voulons, quand nous le voulons. Il suffit
de choisir le point central d’un village, d’installer
nos équipements et, 30 minutes plus tard, nous jouons
devant 500 personnes. Pour un petit groupe inconnu comme nous,
habitué à se produire devant 40 personnes, c’est
magique! »
Un rappel, deux rappels. Hop! On enlève les
béquilles et les musiciens nomades reprennent la route.
Spectatrices/génératrices
au travail
Empreinte écologique
Douze mille litres d’essence, c’est
ce qu’il aurait fallu brûler pour effectuer la tournée
des Ginger Ninjas en caravane. La santé de la planète
s’en porte mieux et celle des membres du groupe aussi! « Nous
sommes les seuls musiciens au monde qui perdent du poids en tournée! »,
affirme Spencer.
Derrière cette boutade, on devine toute la
fierté que lui procure ce tour de force écologique.
« Nous avons calculé les bilans énergétiques
de notre tournée. Nos déplacements à vélo
nous ont permis d’éviter la production de 27 tonnes
de CO2 sans compter les économies d’énergie
réalisées durant nos concerts grâce aux génératrices
humaines. »
Sur la route avec les Ginger Ninjas, au son
de leur musique
Cette folle aventure à
vélo ne devait être l’affaire que d’une
tournée. Mais les membres des Ginger Ninjas ont
tellement apprécié l'expérience... qu’ils
sont déjà repartis! Et cette fois, on parle d’une
tournée mondiale! Tout a recommencé sur les chapeaux
de roues, avec une brève apparition aux conventions démocrates
et républicaines en août dernier. Quelques arrêts
sur la côte est, puis la traversée de l’Amérique
latine pendant l’hiver. Enfin, l’Europe est au menu
pour le reste de l’année 2009!
Ce projet fou, les membres des Ginger Ninjas
l’accomplissent d’abord et avant tout pour eux-mêmes.
« J’ai vraiment le sentiment que nous sommes
les plus grands bénéficiaires de notre tournée.
Nous avons la chance de vivre cette expérience où
le vélo et la musique sont à la base de tout. »