Bibliographie réalisée par Olivier Paradis-Lemieux, rattaché au Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire de l’UQAM en tant que membre étudiant.

Pierre Enckell, 2006 : Dictionnaire des onomatopées,
Paris, PUF, 592 p.

On sort de la fiction pour mieux y entrer. Le Dictionnaire des onomatopées d’Enckell dresse un portrait quasi exhaustif de ces transpositions du son dans la littérature. On se promène de San Antonio à Balzac, puis on entre dans l’univers de Claudel pour mieux se heurter ensuite à Céline. (Voir aussi, l’essentiel de la bande dessinée française, mais, surtout, Franquin et Gaston Lagaffe… pour plus de cric, crac, boum!)

Belinda Cannone, 2009 : Entre les bruits,
Paris, L’Olivier, 272 p.

Atteint d’hyperacousie, Jodel, expert de la police, analyse les moindres détails sur un enregistrement susceptible de faire avancer une enquête. Sa rencontre avec la jeune Jeanne, douée, comme lui, d’une oreille (trop) sensible, sera l’occasion de partager sa connaissance acquise grâce à son don et d’apprendre à l’autre à écouter. Une réflexion sur le monde bruyant dans lequel nous vivons, et sur la nécessité de recommencer à prêter attention aux petits bruits… que nous n’entendons plus.

 

Nancy Huston, 1994 [1981] : Les Variations Goldberg,
Paris, Actes Sud, Coll. Babel, 256 p.

Trente amis d’une claveciniste se regroupent pour une performance de l’œuvre de Bach. Chaque chapitre, comme autant de variations, nous fait glisser de conscience en conscience lors de la soirée. Le premier roman, un classique, de l’écrivaine canadienne (parisienne d’adoption) utilise, en trame de fond, la musique et la présence des autres comme une ambiance sonore pour la prise de parole de chacun.

 

Günter Grass, 1997 [1979] : Le tambour,
Paris, Points, 626 p.

Présenté comme l’autobiographie d’un interné, le roman présente un personnage atypique, Oscar, possédant un cri si puissant qu’il peut briser du verre. À son troisième anniversaire, il reçoit comme cadeau un tambour blanc et rouge et décide le même jour de ne plus grandir. Ainsi, avec la stature d’un bébé, Oscar narre sa picaresque aventure à travers le siècle en éprouvant le monde au rythme de son instrument.

 

Tom Clancy, 1989 : Octobre Rouge,
Paris, Le Livre de Poche, 505 p.

Un classique des « thrillers de guerre », qui a lancé la carrière de l’écrivain. Un sous-marin nucléaire ultra-secret, quasi indétectable, est détourné par son commandant. Il s’en suit une chasse sonore insoutenable de dix-huit jours, seule manière de suivre la progression du submersible. Un suspens prenant; pour les amateurs d’écoute active et de sonars.

 

Ernest Pépin, 1996 : Tambour-Babel,
Paris, Gallimard, 235 p.

Ce roman d’un grand auteur guadeloupéen est construit autour du rassemblement traditionnel de joueurs de tambour, le « lewoz », et son histoire. Les rythmes des virtuoses ravivent la mémoire de l’esclavage et, avec elle, celle des exilés du continent noir. Un livre inscrit dans la culture créole et la musicalité de la langue. Pour les amateurs d’exotisme et de « tam-tam jams ».

 

Jim Waltzer, 2009 : Keene en colère,
Paris, Rivages-noir, 252 p.

Richard possède une ouïe exceptionnelle. Vingt ans après avoir entendu sa jeune voisine se faire étrangler, il entend les mêmes bruits derrière une des portes de son immeuble. La culpabilité et l’angoisse remontent à la surface au cours de ce huis clos efficace où l’acuité auditive nous fait osciller entre la conviction des aptitudes du personnage, et la certitude du délire de celui-ci.

 

Arto Paasilinna, 1999 : Le meunier hurlant,
Paris, Folio, 277 p.

On connaît Paasilinna pour le Lièvre de Vatanen. C’est avec le même décalage et le même humour noir teinté d’absurdité qu’il raconte cette histoire d’un meunier qui, lorsque déprimé, se met à hurler, s’aliénant les habitants du village dans lequel il vient d’emménager. Les personnages sont attachants, comme toujours chez Paasilinna, et l’intrigue, complètement déjantée. Pour rire jaune de la méchanceté de l’homme.

 

J. G. Ballard, 2007 [1973] : Crash !,
Paris, Folio, 352 p.

Le roman d’une obsession, celle de la collision, de l’interpénétration des véhicules, de la tôle froissée, des crissements de pneus, du bruit des corps en brusque décélération, de l’accident automobile quoi, mêlé à une pulsion sexuelle mortellement dangereuse; Éros et Thanatos liés lors du crash!... et le fantasme de la mort violente d’Elizabeth Taylor (!). Un roman dérangeant, mais nécessaire; ciselé et clinique.

 

Olivier Rohe, 2005, Terrain vague,
Paris, Allia, 61 p.

Court monologue voulu comme un roman qui fut adapté comme tel à la scène. Un homme, seul avec lui-même et sa propre voix, se remémore sa vie au rythme des bruits de l’extérieur de l’immeuble dans lequel il vit. Les sons réactivent en lui des moments, des pensées enfouies de sa gloire construite autour d’actes innommables. Une réflexion pertinente et étouffante sur la violence et la déchéance qui s’ensuit.