Page d’accueil du site Soundmap

Mots-clés : Montréal, carte sonore, acoustique, art, Semaine du Son

Si je vous demandais de définir ou de décrire la ville de Montréal, vous parleriez sans doute de sa situation géographique, de son bilinguisme, de son caractère multiethnique ou, encore, de son histoire. Sauf si vous êtes étudiants en électroacoustique… Vous me répondriez alors sous l’angle des sons ou des fréquences, car la ville a bel et bien son identité sonore. Du parc Lafontaine à la rue Sainte-Catherine, en passant par le canal Lachine et la gare Bonaventure, chaque quartier a sa propre marque sonore, variant au fil des heures, des mois et des saisons.

« L’idée de dresser une cartographie sonore de Montréal par ses sons nous est venue d’un projet acoustique qui a vu le jour à Vancouver dans les années 70. Il s’agissait de dresser la carte sonore de la ville et d’étendre l’expérience à d’autres villes et régions du monde. Mississauga et New-York avaient déjà été cartographiés mais rien n’avait été fait pour Montréal », explique Max Stein, étudiant en électroacoustique au département de musique de l’Université Concordia.

Tous deux originaires de Pennsylvanie, Max et son frère, Julian Stein, se sont lancés dans la réalisation de leur projet en août 2008. Trois mois plus tard, la carte sonore interactive était en ligne. Une soixantaine de sons différents – rues, parcs, restaurants, etc. – y sont répertoriés depuis par plus de 25 personnes différentes. « Ce projet est libre, il appartient à tous, chacun peut enregistrer une séquence et la mettre en ligne; on peut aussi gratuitement télécharger des sons et les exploiter pour autre chose », ajoute Max en précisant que ce travail n’entre pas dans le cadre de son programme d’études. Un passe-temps, certes, mais qui exige néanmoins un travail de gestion important.

 

Parc Lafontaine. Enregistré par Julian Stein, le 28 août 2008. Durée : 2 min 17 s.

Tel un entomologiste qui épingle et recense méticuleusement ses insectes, Max gère dans sa base de données chacune des séquences sonores avec une infinité de détails : nom de l’auteur, emplacement, durée, date, heure, saison, sons répertoriés, mouvements du micro, trajet sonore, etc. Il souhaite ainsi offrir aux utilisateurs la possibilité de sélectionner les sons qui les intéressent, de regrouper, par exemple, tous les sons des parcs de la ville, les sirènes d’ambulances, les sons du métro, etc. De son côté, Julian transforme les séquences sonores en spectrogrammes colorés directement lisibles sur la carte de la ville. Plus les couleurs sont vives, plus la fréquence est haute et plus le son est fort. En un seul clic, l’image sonore dévoile le rythme et l’intensité de l’échantillon sonore.

Max et Julian abordent leur travail avec une grande humilité, tout en ayant conscience de participer à la construction d’un collectif sonore majeur. « Dans 10 ans, certains sons auront disparu; c’est une source documentaire importante. On pourra ainsi voir comment la ville a évolué. Cette carte sonore est aussi un moyen pour la population de lire la ville autrement, de l’écouter de manière nouvelle, car personne ne prête attention aux sons de chez soi. Pourtant, il y a de nombreux sons spécifiques à son quartier. Et, enfin, d’un point de vue artistique, c’est un point de départ; que deviendra cette carte? J’espère que les gens vont continuer à l’enrichir; les séquences téléchargeables peuvent servir aussi à l’art sonore et à des artistes comme Andra McCartney, professeur à Concordia », conclut Max Stein.

À l’écoute de la carte sonore, Montréal nous apparaît telle qu’elle est, une ville aux sons feutrés par la neige en hiver, une ville multiethnique aux accents colorés, un espace urbain où même les parcs sont constamment baignés de bruits de circulation, une ville bilingue où les conversations en français et en anglais s’entremêlent, une métropole étendue contenant une grande variété de sons différents… bref, une ville cosmopolite québécoise.

 

7560 Boulevard Lacordaire. Enregistré par Anthony Piazza, le 2 mars 2009. Durée : 2 min 20 s.

Si l’aventure de collaborer à la cartographie sonore de Montréal vous tente, rien de plus simple : avec votre iPod ou n’importe quel autre appareil audionumérique, vous enregistrez pendant quelques minutes le son de votre rue – vous pouvez aussi rechercher un son particulier, comme celui des déneigeuses en pleine nuit! – et envoyez votre fichier répertorié sur le site Soundmap de Max et Julian.

De même, si l’écoute d’autres villes ou régions du monde vous intéresse, vous pouvez participer à des projets d’écoute instantanée, comme sur le site Locusonus. Par le biais d’individus branchés sur le web, vous aurez accès en permanence à des sons venus d’ailleurs. Art sonore, happening, documentaire, recherche, quelles que soient les motivations des preneurs de son, les paysages sonores urbains témoignent bien de la modernité de nos environnements, à la fois semblables et uniques dans chaque coin du monde.

Carte sonographique de Montréal : http://cessa.music.concordia.ca/soundmap/fr/
Le projet Locusonus : http://locusonus.org/

Promenades électriques à Montréal

Le Goethe-Institut de Montréal présente une exposition sonore, urbaine, mobile et permanente hors du commun! L’artiste allemande, Christina Kubisch, pionnière dans l’art sonore, invite le public à écouter l’invisible grâce à des casques d’écoute spécialement conçus pour transformer les champs électromagnétiques en ondes sonores. Une expérience unique qui permet de redécouvrir Montréal et de s’approprier l’espace l’urbain à travers les sons émis par la ville.

Née en 1948, en Allemagne, Christina Kubisch a élaboré, en 2004, ses premières promenades électriques dans de nombreuses villes d’Europe et d’Amérique. Pour la première fois, en 2008, l’artiste a élaboré un itinéraire sonore à Montréal allant du Goethe-Institut jusqu’à la gare Bonaventure. À travers l’écoute des sons des parcomètres, enseignes lumineuses, vitrines de magasins, stations de métro, portillons de sécurité, etc., l’artiste offre au public l’expérience créative de composer sa propre œuvre acoustique « live ». Car les champs électromagnétiques sont aussi nombreux que variés; il suffit de s’approcher d’une vitrine, de tourner la tête d’un quart de tour, de se pencher vers un distributeur de billets ou d’entrer dans un immeuble pour capter différentes fréquences de hauteur, différents niveaux d’intensité et des rythmes variés. Le parcours devient alors aussi ludique que fascinant.

L’exposition initialement conçue dans le cadre de Bruit et Silence, un projet artistique interdisciplinaire du Goethe-Institut de Montréal, est gratuite et permanente. Deux casques vous attendent à l’accueil. Partez à l’écoute de l’invisible de Montréal!

Promenade électrique à Montréal : www.goethe.de/ins/ca/mon/prj/lus/int/elw/fr4097970v.htm
Bruit et Silence, projet artistique interdisciplinaire : www.goethe.de/bruit

Odile Clerc, collaboration spéciale

Retrouvez les promenades électriques du Goethe-Institut et les promenades sonores de l'artiste Andra McCartney
dans le cadre de la Semaine du Son