Grains de pollen d’un conifère, le pin rouge, photographiés au microscope électronique à balayage. Source : Elisabeth Levac, Université Bishop
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Mots-clés : pollen, photographie, microscope, paléo-ocaénographie

À l’oeil nu, elle n’y voit rien. Et pourtant, sur ses lames de microscope, Elisabeth Levac sait qu’ils sont bien là, présents par dizaines. « En noir et blanc, on peut voir des grains de pollen, photographiés au microscope électronique à balayage. Cette technologie basée sur le principe des interactions électron-matière est utile pour caractériser la forme, l’arrangement des pores et le type d’ornementation à la surface des grains, explique la scientifique. Mais comme le temps de préparation pour ce microscope est assez long, les comptages de routine s’effectuent au microscope à lumière transmise. L’image en couleur vous permet de voir ce que je vois quotidiennement sur mes lames. On aperçoit ici un grain de pollen d’un conifère, le pin rouge. »

 
Grain de pollen du pin rouge, photographié au microscope à lumière transmise. Source : Elisabeth Levac, Université Bishop
 
Spécialiste en palynologie, la science du pollen, cette chercheuse de l’Université Bishop récolte tous les jours des centaines de grains de pollen à sa station de monitorage de l’arrondissement de Lennoxville à Sherbrooke. Ces échantillons lui servent à comprendre les relations entre les conditions météorologiques et les concentrations de pollen dans l’atmosphère. L’étude qu’elle mène vise aussi à élaborer un calendrier de la saison pollinique locale, qui permettra aux personnes allergiques de planifier leurs activités extérieures.
 
Grains de pollen d’érable, photographiés au microscope électronique à balayage. Source : Elisabeth Levac, Université Bishop
 
Mais pour en arriver là, la chercheuse commence par deux ou trois heures d’analyse quotidienne afin de d’abord compter et identifier les grains. « Une activité très méditative! », commente-t-elle. Avec son oeil averti, Elisabeth Levac se consacre aussi à l’étude des grains de pollen du passé, en paléo-océanographie. Les grains emprisonnés dans les sédiments marins la renseignent sur le climat et la végétation de l’Holocène. Cette ère, qui correspond aux derniers 10 000 ans, a connu une déglaciation « qui pourrait servir à comprendre les changements climatiques actuels », selon elle.
 
Grains de pollen de lilas, photographiés au microscope électronique à balayage. Source : Elisabeth Levac, Université Bishop
 

« Tout mon travail dépend de la possibilité de voir les grains », confie la chercheuse, rappelant que le premier scientifique à avoir observé du pollen au microscope serait N. Green, en 1640. Pour Elisabeth Levac, l’avenir repose maintenant sur un système d’analyse et de comptage automatisés des grains. Cette technologie combine la microscopie classique à un logiciel de reconnaissance de formes qu’il faut adapter aux caractéristiques de la flore locale. Un outil qui changera la vie de la palynologue et qu’elle rêve d’acquérir bientôt!

Matthieu Burgard | 12 mai 2009