Palourdes et étoiles de mer photographiées à 70 mètres sous la surface du fleuve. Photo : Philippe Archambault, Institut des sciences de la mer à Rimouski
Le plancher du fleuve

Mots-clés : sciences de la mer, fleuve, photographie sous-marine, projet Neptune

Philippe Archambault, de l’Institut des sciences de la mer à Rimouski, se souviendra toujours de la photographie par laquelle tout a commencé. Celle qui l’a mené à être aujourd’hui responsable du volet photographie sous-marine du projet Neptune, un des projets les plus ambitieux de la planète en matière d’observation océanique. Si, régulièrement, il rapporte des images inusitées des profondeurs du Saint-Laurent, captées à plus de 320 mètres, là où l’oxygène manque et la vie se raréfie, cette photographie de palourdes reste une de ses préférées : « Cette photo est une des premières des planchers du fleuve Saint-Laurent. Grâce à elle, nous avons prouvé qu’il était possible de prendre des images de qualité inégalable à des profondeurs auxquelles ne peuvent se rendre aucun plongeur, aucun photographe. »

Prise à 70 mètres sous la surface, en 2001, cette photographie pionnière a fait sensation dans le milieu scientifique canadien. Pour saisir ce moment d’intimité du fleuve, Philippe Archambault et son équipe ont bricolé un appareil photo capable de supporter la pression des eaux et imaginé un système de téléguidage par fibre optique pour contrôler en temps réel les mouvements et les réglages de l’appareil ainsi que l’intensité de l’éclairage. L’instrument, d’une valeur de 15 000 $, a été baptisé Bathypolypus, du nom de l’unique pieuvre du Saint-Laurent, laquelle est, par ailleurs, dotée d’une vision exceptionnelle.

Philippe Archambault descendant le Bathypolypus dans les profondeurs du fleuve, au large de Tadoussac. Photo : Philippe Archambault, Institut des sciences de la mer à Rimouski

« Habituellement, pour observer les fonds marins et ce qui y vit, les scientifiques doivent racler la vase avec des chaluts sur de longues distances, puis étudier ce qu’ils remontent à la surface. Nous cherchions une méthode d’observation moins destructrice. » Le Bathypolypus a appuyé les travaux de nombreux scientifiques canadiens avant de céder sa place au Benthos, un appareil plus performant offrant des photos de meilleure qualité et captées à de plus grandes profondeurs. Qui sait où ces nouvelles images conduiront Philippe Archambault et son équipe? Après le projet Neptune, les eaux de Mars?

Binh An Vu Van | 12 mai 2009